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Giuseppe Penone, Entretiens à Bruges
et à la Villa Medicis (sortie prévue fin 2014)
réalisation Antoine de Roux, entretiens avec Silke Schmickl

Notre première rencontre avec Giuseppe Penone s'est faite à Bruges, alors qu'il installait au pied du Musée Memling et sous les fenêtres du monastère occupé il y a peu de temps encore par quelques religieuses solitaires, une fontaine en marbre blanc, sorte de ventre légèrement bombé qu'un arbre en bronze ensemence d'un délicat filet d'eau qui suinte d'une de ses branches.
Nos entretiens ont commencé dans les anciens dortoirs du monastère, qui surplombent la place. Nous les poursuivrons à Turin, la ville où il a son atelier, et nous filmerons l'installation de son prochain travail à la Villa Medicis.

"Giuseppe Penone est le dernier arrivé au sein de l’Arte Povera où il mène une trajectoire singulière. Son œuvre de sculpteur se distingue par son ancrage au sein de la terre de Ligurie et de son village de Garessio, lieu riche d’eau et de grottes, des traces d’une préhistoire toujours présente à l’horizon de l’artiste. Fils d’agriculteurs, le rythme des saisons et les travaux des champs, les odeurs, les formes et les couleurs des récoltes entassées dans les granges familiales ont aussi fortement marqué sa sensibilité.
L’œuvre de Penone se caractérise par son interrogation sur l’homme et la nature, et par la beauté, de plus en plus affirmée, de ses formes et de ses matériaux. Sa sculpture, en prise avec des questions qui la débordent, comme celles du temps, de l’être, du devenir, évoque la dimension kantienne de l’infini et du sublime comme beauté en mouvement et tentative de cerner l’incernable. Mettant l’accent autant sur le processus créateur que sur l’œuvre, le sculpteur s’identifie au fleuve, au souffle, à ce qui est par essence mouvement et vie. Révélant le mouvement incessant au cœur du cycle naturel qui, avec le temps, altère les êtres et les choses, Penone semble faire sien le célèbre adage héraclitien*: panta rei, tout s’écoule, rien ne reste tel.
L’artiste aborde de différentes manières la relation du corps à l’œuvre. Que ce soit par l’implication de son propre corps dans ses sculptures qui articulent nature végétale et nature humaine jusqu’à la métamorphose de l’une dans l’autre, ou dans des travaux à partir de ses propres empreintes où Penone explore sa peau pour créer une spatialité du toucher."


Margherita LEONI-FIGINI, professeur relais de l’Education nationale à la DAEP
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